JARDINIERS
Afin de mieux me les approprier, j'essaie, plutôt que de citer les auteurs ou bien avant de le faire, de formuler ce que j'en ai compris et retenu. Ceci constitue un encouragement à aller vous désaltérer à la source.
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Gilles Clément (photographe anonym(isé)) |
Vous retrouverez sur son site, succinctement présentés, les concepts abordés ci-dessous. Pour plus de développement, se référer évidemment à ses livres, dont Le jardin en mouvement qui fait date dans l'histoire horticole, notamment en (re)donnant une place centrale à l'ouvrier paysagiste au jardinier. Son travail se diffuse lentement dans les jardins où les robots tondeuses ne sévissent pas, froids et imbéciles ennemis de Gaston Lagaffe (l'inventeur de la tondeuse à épargner les fleurs de pâquerette). C'est l'un des premiers livres de jardinage que j'ai lu, il m'a profondément marqué. Heureusement car il est venu contrebalancer ma tendance à une maîtrise perfectionniste encouragée par mes trop longs débuts passés à jardiner en pot. Le jardin en mouvement, adossé au tiers-paysage, est une excellente école pour apprendre à lâcher-prise de manière réfléchie.
Jardin en mouvement :
Jardin planétaire :
(février 2025)
C'est
notre planète, son sol, son air, son eau et les êtres qui la peuplent.
Les milieux premiers (forêts primaires, marais, ...) y ont à peu près
disparus ; les peuples premiers qui ne l'ont pas déjà fait apparaissent
en sursis. Homo sapiens en son anthropocène croît encore et
encore, d'avoir plus que d'être, en voulant se convaincre qu'il peut le
faire de manière durable.
Les limites du jardin planétaire sont celles de notre atmosphère. C'est notre enclos ; et si nous allons faire un tour chez les voisins, pas de vie pas de jardin. Aussi, si l'humanité jardine quand elle jardine, elle le fait aussi quand elle ouvre des milieux ou les laissent se refermer en forêt ; elle jardine
quand elle choisit le sol de ses parkings et de ses cours d'école,
laissant l'eau libre de retrouver la terre ou la chassant à l'égout ;
elle jardine quand elle choisit ses huiles de cuisine ; elle jardine quand elle carbone toujours plus qu'elle ne décarbone.
Partant de là, que deviennent nos petites parcelles de Terre Mère, nos jardins ?
Des refuges, peut-être encore plus qu'avant, des tentatives de recréations plus ou moins adroites du jardin d’Éden. Mais si l'étymologie du jardin renvoie à l'enclos protecteur, nos petits jardins sont en fait ouverts à beaucoup qui ne passent pas par leurs portes : les oiseaux, les pollens et les graines, mais aussi les polluants et le climat. Et s'il reçoit beaucoup du jardin planétaire, il lui donne également.
On
parle ainsi beaucoup des espèces "invasives" échappées des jardins et
d'ailleurs, coupables d'être capables de vagabonder* et de prendre
racine bien loin de chez elles **. Coupables les plantes ? Ne
seraient-elles pas ici l'arbre qui cache la forêt ? Nous en reparlerons.
Toujours est-il que plantes et animaux, suivant le pas des hommes,
voyagent de plus en plus, en route vers la nouvelle Pangée.
Du
temps d'avant l'interdiction des pesticides de synthèse aux
particuliers, ceux-ci, à surface égale, en utilisaient quatre fois plus
que les professionnels. J'en ai beaucoup moins entendus parler.
Aujourd'hui la mode est à la bâche qui se délite et au jardin sans
jardinier.
Mais
nos jardins peuvent également fournir bombes à graines et jeunes plants
pour retricoter le maillage de nos campagnes que constituaient les
haies champêtres. Ils peuvent produire des greffons à garrigues***.
Bref, ils peuvent contribuer à repeupler le jardin planétaire.
* Éloge des vagabondes, Gilles Clément (fiche Babelio)
**
A ce sujet, le jardin du Vasterival, a une démarche intéressante et
responsable, reposant sur une bande tampon. Nous y reviendrons.
*** De greffes en greffes, la forêt fruitère, Maurice Chaudière (fiche Babelio)
Tiers-paysage :
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Éric Lenoir (photo : Lucille Pescadere) |
C'est un paysagiste, un jardinier et un (ex) horticulteur spécialisé dans les plantes aquatiques qui inscrit son travail dans une pensée écologique. Il transmets sa passion notamment en écrivant des livres (dont les deux versions de l'émancipateur Jardin punk) et par le biais de nombreuses vidéos. Professionnel engagé, c'est aussi un militant. Il a ainsi participé en 2020 à la grève de la faim perlée lancée par Pierre Larouturou revendiquant une augmentation du budget européen pour le climat, la santé et l'emploi. Il a lancé la même année la Haie de Morgon, une aventure socio-écologique autour de la production alimentaire agrinaturelle, se déroulant sur un terrain privé mis au service du collectif.
Liens vers le blog
Liens externes
Interview d'Eric Lenoir (en grève de la faim) par Hugo Clément
Jardin punk : "Lorsqu'on le crée ou qu'il commence à exister, il doit juste répondre aux critères suivants : Pas cher à faire, Facile à faire, Rapide à faire, Facile à entretenir (autonome dans la mesure du possible), Pas cher à entretenir, Résistant aux agressions*, Non nuisible, Écologiquement intéressant, Plus beau que l'existant."
* Me renvoie à Didier Willery et son dernier ouvrage Créer son jardin résilient. (Ma position sur dans fil d'attente de la médiathèque vient de passer de deuxième à première.) Deux jardiniers de leurs temps, celui de l'adaptation au dérèglement climatique et de l'émergence d'un devoir de préservation du vivant (dû au minimum aux générations futures).
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